D’autres terres plus douces

D’autres terres plus douces ou Free like a crane, film de Maxence Lamoureux et Arnaud Devroute en tournée en France, était programmé hier au Havre, au cinéma le Studio par le Muséum d’Histoire Naturelle. Salle pleine pour ce documentaire de 63 minutes, primé au Festival du film ornithologique de Ménigoute 2017, trouvable en DVD et prévu dans quelque temps sur Ushuaia après quelques remaniements pour cette chaîne .

Pourquoi en parler ici ?
Parce qu’il y est question de voyage, celui, régulier, de la grue cendrée du Nord vers le Sud, de l’Estonie à l’Ethiopie en passant par Israël, une migration de 6 000 km.
Parce que la grue cendrée, le plus gros oiseau migrateur avec la cigogne, plus secrète que celle-ci, est un symbole pour beaucoup de cultures : en Ukraine comme en Turquie, par exemple, avec des danses et des chants l’évoquant.
Parce que ce film sort de sa spécificité animalière, avec son titre et ses allusions aux migrations humaines plus compliquées actuellement mais aussi sempiternelles. Ainsi, la séquence finale, hyper-positive, avec le chanteur-conducteur éthiopien d’origine arménienne.
Parce qu’on a vraiment apprécié son ton, son côté road movie qui ne se prend pas la tête (la jeune grue baguée ne passe pas par le chemin prévu mais par la Hongrie ; ils la ratent…, l’attendent… puis la retrouvent).

Howard Hawks : P U n° 58

Howard Hawks, aux Editions Universitaires, Classiques du Cinéma, écrit par J.C. Missiaen en 1966.
Howard Hawks (1896-1977) est un des grands Hollywoodiens qui a touché à tous les genres : films de guerre, de gangsters, comédies, westerns, policiers.

Cette étude est offerte à Y. D., une grande amatrice de cinéma et de livres, fidèle des réunions du Chat Bleu et de Philopop.

Voilà quelques uns des « poèmes express »:
Amoureuse chute de perles. Subtil balancement de main et tendre élan.
– Deux gorilles tenant des fleurs : séduction chorégraphique.
– L’U S Army ferme les portes de sa guerre et la met au service de chewing-gum.
– Les petits renards sont nettement conçus pour le drame.
– L’homme se signale par un appareillage qui préfère les blondes.
– Remarquons les pantins, tous au bord de la crise de nerfs.
– Les dents préfèrent les little girls. C’est ce qui nous vaut l’oeil glacé du cinéma.

Si ça vous dit, à jeudi 24 mai au Chat Bleu !

Caen : « Epoque »

Rue du Départ y a un stand, à côté des copains de La Renverse !
C’est en coeur de ville.
C’est les 26-27 mai.
C’est la quatrième édition.
Eric Fottorino et la revue le 1 sont là.
On y parle d’espoir et de paix.
Venez !

Borgès et Sabato : P U n° 57

Conversations à Buenos Aires entre Jorge-Luis Borgès et Ernesto Sabato, parues en 1966 en Argentine, en 2001 aux éditions du Rocher puis chez 10-18.
Les deux grands écrivains sud-américains acceptent la proposition d’un admirateur et libraire : pendant à peu près trois mois, se rencontrer certains après-midi, échanger autour de l’écriture : auteurs préférés, comment vous viennent vos sujets, la traduction etc… Borgès et Sabato ont peu en commun : l’un est un grand bourgeois, l’autre pas. Sabato est au départ un scientifique. Ils ne parleront que littérature, pas politique, ils n’auraient pas été d’accord.

Voilà quelques poèmes express issus de ces conversations :
Cette phrase a assez de force, assez de puanteur.
– Elles sont toujours dangereuses, les couleurs profondes.
– Le kangourou est un cygne noir : en Australie, il n’y a que des cygnes noirs.
– Une religieuse qui a une rage de dents nie l’existence des dents.
– Un rêve rencontre quelqu’un dans mon rêve. Dialogue.
– La folie est dans la chambre, la médiocrité dans un tiroir.
– Comme la mort se prépare, les enfants sont des accumulations de crainte.


La P U n° 57 est offerte à Daniel Damart – rencontré à l’Autre Livre – des éditions Le Réalgar, implantées à Saint-Etienne. Ingénieur, entrepreneur, galériste, éditeur, diffuseur, il est force de proposition, a plusieurs vies et n’a pas l’intention de s’arrêter là. Plusieurs collections au Réalgar : poésies, lettres ouvertes (dont celles d’Eric Bonnargent évoquée à un Chat Bleu), romans ou nouvelles (ex : de Jean-Noël Blanc, voir le dernier post).

Chat Bleu d’avril 2)

A ce Chat Bleu d’avril, vins et textes ensoleillés,
nous avons aussi parlé de :
Avec mes meilleurs sentiments de Jean-Noël Blanc, illustrations d’Elzevir, aux éditions Réalgar, 2015. Trois nouvelles : trois ambiances : on est en province, au mi-temps du XXè siècle. Histoires de couple de vieux ou de femmes. Histoires de manières de s’en sortir, de vies ou de mort. Les personnages sont là ; on les voit, on les connaît. Plutôt dramatiques, ils n’ont pas vraiment le choix, ils ne sont pas de la génération « parce que je le vaux bien »….
Les revenants, récit du journaliste David Thomson, 2016 au Seuil, prix Albert Londres 2017, sorti depuis peu en poche : enquête sur des hommes, des femmes parti-es en Syrie depuis 2012 et revenu-es. Qui ils/elles sont, ce qui les a motivé-es à partir, à revenir, leur vie là-bas, dans quel esprit ils/elles reviennent. – Et là, l’écriture inclusive se justifie : leurs destins sur place sont complètement différents du fait de leur sexe -. Intéressant et pas rassurant… Ils/elles reviennent sans plus accepter l’Occident qu’avant leur départ.
Ensoleillement toujours :
– De nouveau : Un loup pour l’homme de Brigitte Giraud, Flammarion, 2018 : sur la guerre d’Algérie d’un Français qui se fait soignant pour l’éviter mais qui la voit d’autant plus dans un hôpital de l’Oranais. (Brigitte Giraud qui a fait une très belle lecture musicale d’un extrait du livre au festival Terres de Paroles, accompagnée de Sébastien Souchois, à Duclair le 26 avril.)
Moins ensoleillés :
– un coup de coeur que nous avons déjà signalé : Le grand marin de Catherine Poulain, maintenant en poche.
deux remords de Monet de Michel Bernard : lecture faite par Agnès Desarthe à Terres de Paroles (encore).
– des livres de Finlande -merci Léa – Mademoiselle van Brooklyn de Mika Waltari (1908-1979) chez Actes-sud et sous l’étoile polaire, trilogie écrite par Väinö Linna, sur une famille finlandaise rurale de 1890 à 1950. Editions Les Bons Caractères, 2011.
Sous la même étoile de Dorit Rabinyan, Pocket, 2018 : la rencontre d’un Palestinien de Ramallah et d’une Israélienne de Tel Aviv à New York
De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages de Matthias Debureaux, éditions Cavatines, 2005 : un petit traité présenté par une grande voyageuse…à qui on en avait fait cadeau…Lol.

Voilà pour avril.
Le Chat Bleu prochain est prévu le 24 mai

« Traversée » de F. Tabouret

Chat Bleu d’avril 1)
Il faisait beau et N’senga nous a proposé des vins du soleil :
Un rouge du Languedoc, d’un petit viticulteur : domaine d’Erian, cuvée les Bermudes aux notes de fruits noirs.
Un blanc, un Uby de même cépage que le n°4 : à doux goût d’ananas.

Pour accompagner cet ensoleillement :
Traversée de Francis Tabouret aux éditions POL, 2018. Un premier livre. Francis Tabouret était un collaborateur de la revue Tigre, aujourd’hui disparue. Son métier est de convoyer des chevaux. Ce livre parle de cela mais à travers un voyage précis, de huit jours, entre Rouen, Pointe-à-Pitre et Fort-de-France sur un porte-containers, avec chevaux certes mais aussi moutons et taureaux… Une première pour lui. Il évoque les animaux, son travail auprès d’eux et sa vie à bord : (P. 25) : »…, je suis monté aux barreaux d’une échelle au relief de rouille et de peinture, je me suis faufilé entre deux rangs de containers sur des grilles de ventilation, entre des câbles et des tuyaux. La voilà ! Petite cour de ferme. Les bêtes comme au fond d’une crevasse ou d’une faille géologique. Une pile de containers supprimée au centre du bateau fait que le préposé aux animaux, le palefrenier, le convoyeur, l’accompagnateur, le groom, le cow-boy (prenez le mot que vous voulez) dispose d’un couloir et peut accéder aux bêtes, qu’elles peuvent mettre une tête dehors. »

Etonnant, non ? Pour Francis Tabouret aussi, qui est spécialisé dans les chevaux :
(p.46) : »Il faut le temps, la répétition. Le métier est de faire de ce monde de ferraille et d’eau, de saillies et de trous, d’un peu de rouille, de dangers, de faire de ces quatre boîtes et de cette petite cour au fond des si hautes piles un monde d’humanité et d’animalité, une chaleur et un chez-soi. »
et qui se retrouve avec des animaux aux comportements inconnus : grégaire, le mouton (p.16) : « Ce ne sont pas des moutons, c’est un troupeau que vous prenez par la main. », (p.15) : « force comme en veille », les taureaux dans la boîte desquels il n’est pas question d’entrer pendant le voyage.

De beaux moments en mer, la place des hommes sur le bateau, les relations existantes ou non. L’arrivée, la séparation, les nouveaux propriétaires des chevaux qui ne semblent pas y connaître grand chose.
Un beau livre !

On parle des autres livres évoqués ce soir-là dans le post suivant…