Rentrée au Chat Bleu

N’senga proposait des vins d’ailleurs :
un vin blanc sec de Californie à arôme de pêche.
un vin rouge du sud du Portugal, puissant en bouche avec une petite note de réglisse, insolite.

Pour accompagner ces vins… voilà les livres que nous avons évoqués :
– Vies potentielles de Camille de Toledo, paru au Seuil en 2011, en poche maintenant dans la collection Points. Ce livre est constitué de trois sortes de textes : des micro-histoires étranges, tranches de vie (un peu) folles, sujettes à des commentaires, des exégèses qui renvoient à l’autobiographique, à l’histoire familiale de l’auteur et à l’importance de la littérature pour se définir et exister ( p  49 : « Il ne pensait pas, comme je le crois, qu’une histoire peut vous sauver la vie. » ; p 85 : « J’ai entrepris cette exégèse pour ne plus m’éviter. Je dois donc creuser, creuser, pour voir comment ces histoires se servent de moi. ») et, enfin, des poèmes. Un livre souvent attachant, intense.
– Une présence idéale d’Eduardo Berti, 2017, Flammarion : ce livre est né d’une résidence d’écriture au CHU de Rouen en 2015, sur la proposition du festival Terres de Paroles. E. Berti, argentin, a pour la première fois écrit en français. Il transcrit ce que des soignants lui ont raconté et tisse ainsi l’ambiance d’un service de soins palliatifs.
La mer c’est rien du tout de Joël Baqué, chez P O L , 2016 : des textes courts effleurent la jeunesse, les parents, le métier, l’entrée dans « la poésie non poétique ». Peu de choses, quelquefois fortes, même si elles ne se prennent pas au sérieux. Son deuxième livre vient de paraître chez le même éditeur.
Et aussi, des romans :
juste sortis :
– Le jour d’avant de Sorj Chalandon, ed. Grasset : à partir des 42 mineurs morts dans un accident à la mine de Liévin. Un roman social, politique, bouleversant.
– Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain, ed.Gallimard : Dugain sera à la Galerne, le 4 octobre pour ce livre !
moins récents (rappelez-vous, les livres n’ont pas qu’une durée de 3 mois !…)
– Le liseur du 6h27 de Jean Paul Didierlaurent, ed. Diable Vauvert. La lecture à voix haute dans un lieu inhabituel et ce que cela entraîne.
– Dans une coque de noix de Ian McEwan, ed. Gallimard. Un foetus parle…
– L’exception d’Audur Ava Olafsdottir, ed. Zulma.
– Le coeur glacé d’Almudera Grandes, ed. Lattés. Autour de la guerre d’Espagne.
– L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset, ed. Gallimard, sur un ami suicidé.
– L’exercice de la médecine de Laurent Seksik, du XIXè à maintenant.
Deux polars à sujet écologique :
– Karst de David Humbert, ed L. Levi. Un auteur rouennais.
– Les courants fourbes du la Taï de Qiu Xaolong, ed L. Levi. Industries chimiques et pollution en Chine.
Un catalogue :
– sorti au moment du festival de Douarnenez, cet été : oeuvres de Zehra Dogan, journaliste et peintre kurde (ré)incarcérée en Turquie.
Deux essais :
– L’ombre du monde de Didier Fassin, Points Seuil. Un livre majeur sur notre façon, en France, de « punir ».
Ecouter Sibelius d’Eric Tanguy, compositeur vivant à Caen, ed. Buchet Chastel.

Une vraie manne !
Prochain rendez-vous, le jeudi 12 octobre.

Une Pièce Unique qu’on n’enverra pas. Du Georges Pérec.

A partir d’ Un cabinet d’amateur de Georges Pérec.
… » plaisir intense de la machination… » (…)  » J’ai essayé d’écrire une sorte de fausse histoire de la peinture ou une histoire de la peinture un peu à côté avec à peu près la même application que si je décrivais réellement des peintres ou des tableaux, sauf que l’objet reste …imaginaire. » : Georges Pérec au micro de Gérard-Julien Salvy dans l’émission « Démarches » du 19-01-1980, aux Matins de France-Culture.

C’était sans doute trop « spécifique »… La Pièce Unique est ratée…enfin, plus ratée que les autres…

Je n’aime que ces Poèmes express :
–  Le rasoir accompagne acquisitions, conversations et péchés mignons.
– Aucun Américain ne supplie. Une trentaine, à trois reprises, en donnèrent la preuve.
– Méfiez-vous des héritiers : ils vont tenter de vous laisser dans un incendie.
– Un paysage escarpé et tourmenté s’incline à quelques pas d’un cerf à nuances de rose jambon.
– Le 15 ème de juillet n’eut pas lieu mais 1790, si.
– Au bain, le petit lévrier pouvait convaincre des sculpteurs de la supériorité de son profil.
– Rien ne se reflète dans le petit miroir : pas le doigt, pas de chapeau, pas de lion.

Le Chat Bleu, ses vins, ses livres : c’est la RENTREE !

Vous voulez parler de vos lectures, un verre en main ? Pas forcément du dernier livre sorti, en toute liberté ?

Voilà les dates du 1er trimestre :  c’est le jeudi comme les autres années, le 28 septembre puis :

  • 12 octobre
  •  09 novembre
  • 07 décembre
    A bientôt !

 

Noire est la couleur, Pièce Unique n° 42, à Nicole Dedonder

Noire est la couleur est de John Brunner (1934-1995), auteur britannique réputé de science-fiction. C’est ainsi qu’est classé le livre dans l’édition de poche française Press Pocket de 1984. Sorti en Angleterre en 1969, la même année qu’un de ses ouvrages principaux, considéré comme un classique, primé plusieurs fois : Tous à Zanzibar, il est en fait… assez peu SF… On y voit un homme revenant à Londres, y cherchant une amie, la retrouvant victime d’un Afrikaner sadique, aussi à la tête d’un complot raciste. L’aspect le plus intéressant est la place que prend la magie dans le roman.

Cette Pièce Unique n° 42 est devenue : L’étoile usera un roc. En voilà quelques poèmes express :
– Ce type était tellement clos que j’y pénétrai avec une sensation singulière.
– Naturellement elle parvint à remonter ses seins ; une sorte de souvenir.
– Il n’existait qu’un espoir absurde, une opportunité embryonnaire, imbécile… que Dieu ait le dossier…
– Avec cet homme, l’humiliation rentrait le soir à la 
maison.
– Tomber follement amoureuse d’yeux vides, me trancher la voix.
– Le mégot dans le cendrier cherche une position confortable ; le pyjama recherche le lit.

 

Et c’est envoyé à Nicole Dedonder… qui ne lit sans doute jamais ce type de littérature…. mais que j’ai retrouvée avec plaisir cet été à Pirou pour les Pirouésies. Nicole Dedonder vit en Belgique, a un livre dans la collection Mouchoir de Poche des jolies et poétiques éditions  Motus. La spécificité de cette collection, en plus de son petit format et de l’impression en blanc sur papier noir, est que la même personne écrit et illustre le texte. Je suis venu tout seul, paru en 2011, évoque un enfant qui vient sur la tombe de son frère. C’est tout doux et entre complètement dans le projet de Motus : parler de tout aux petits.