Prochain un vin – des livres au CHAT BLEU le 11 décembre

Le 13 novembre, nous restions dans les vins du Sud avec :
un Gascogne blanc, un Cybelle, à l’expression florale: un blanc sec, fruité,
et un Cahors, rouge —carafé pour lui donner de la souplesse— venu du Quercy : un plateau au sol sablo-calcaire, d’un terroir proche du terroir du Pommerol, constitué de merlot et de malbec, un cépage roi de cette région. Il n’a presque pas besoin de passer en fût, a dès l’abord une forte expression des tannins. Il est travaillé de manière ancestrale par un vigneron indépendant J.P. Baldès.

Nous avons évoqué :
mecanismes_de_survie– le dernier livre d’Olivia Rosenthal qui a déjà publié neuf romans chez le même éditeur : MÉCANISMES DE SURVIE EN MILIEU HOSTILE  (ed. Verticales 2014) : histoires de jeux d’enfants avec chasseurs et chassés, de mort imminente, de fantômes, de maison à surveiller, de fuite dans un monde post-nucléaire, ambiances froides, d’inquiétante étrangeté où nous n’avons pas tous les éléments et où nous avançons de manière aussi inconfortable que les personnages.
– plus en rapport avec les vins goûtés : BAUMES de Valentine Goby (Actes Sud 2014, collection Essences) : un texte autobiographique qui commence ainsi : « D’un bout à l’autre de mon enfance, l’odeur d’usine signe le retour de mon père. L’odeur puissante des cuves à distiller, qui excède toutes les odeurs connues de la nature, les aggrave prodigieusement. Odeur d’essences pures, « […] trop Baumescompactes pour se dissoudre, s’annuler l’une dans l’autre : iris contre gingembre, encens contre violette, luttant à même la fibre des vêtements. » et finit sur « six années pour distiller les tranches de rhizomes, en faire un beurre d’iris puis une absolue qui est un caviar de fleurs », tout un monde de senteurs et de beaux mots pour les dire.
– et LE MOULIN DE POLOGNE (1952, Gallimard) de Jean Giono (1895-1970): un roman étonnant: une lignée victime du destin dans une province mauvaise et étriquée, sans doute fin 19è siècle : des moments expressionnistes, cruels: « Je vis enfin ce qu’on désignait du doigt. C’était cette malheureuse Julie emportée par la valse et dansant toute seule avec sur son atroce visage isolé, l’extase des femmes accouplées […] J’éclatai de rire à la seconde même où le rire général éclata.[…] Le spectacle de cette fille au visage déchiré et qui montrait ses désirs sans pudeur me brûlait comme un acide […]  Le  rire avec son bruit de torrent était la façon la plus simple de mouiller la brûlure et de l’étendre d’eau » .
Hamacs_de_cartonCatherine M. nous a, du coup, parlé de Giono en Janus : l’écrivain de la nature, le pacifiste, ses emprisonnements et sa face sombre (comme  cette Julie au très beau visage d’un côté et atroce de l’autre).
Puis ont été présentés FUKUSHIMA de Michel Ferrier, chez Gallimard, poétique et précis, LES HAMACS DE CARTON de Colin Niel, ethno-polar, prix des ancres noires 2014, CONFESSION D’UNE SAGE-FEMME de Diane Chamberlain, SUNSET PARK de Paul Auster, UN BONHEUR PARFAIT  roman acide de James Salter.
Ceux qui sont restés ont parlé cinéma…
Au 11 décembre !

Rappels, possibilités et retours

LautreLivre2014Au Chat Bleu au Havre, le 13 novembre, on parle livres et vins.

Rue du Départ est à l’Autre Livre, Le salon de l’édition indépendante, à Paris les 14,15,16 novembre prochains.

Bruxelles Babel-le : hébergée par la Maison de la Francité (mdlf@maisondelafrancite.be), la troisième session des balades et ateliers d’écriture avec l’Oulipo qui avaient lieu du 29 octobre au 2 novembre ont été de bons moments, très amicaux. Une autre façon de voir cette ville, par un temps idéal
— merci à Henry Landroit et toute son équipe, d’avoir aussi veillé à cela …—, des ateliers très gais avec Jacques Jouet, Olivier Salon, membres de l’Oulipo, Robert Rapilly, Amélie Charcosset et Martin Granger, sympathisants, tous fidèles à Pirouésie pendant l’été. Des soirées à la Maison du Livre ( www.lamaisondulivre.be) autour de Cortazar, du surréalisme belge ou sur le thème « toute littérature est-elle à contrainte ? ».
Babel-leDes réponses, lors de cette dernière soirée, données par Jacques Jouet : « la tâche d’un oulipien, c’est d’inventer des contraintes, des procédures, des moyens. Pour les oulipiens de 1960, c’était tout à fait clair. Avec Pérec (aussi inventeur énorme de contraintes), la vision a changé. Il n’y a pas volonté de créer des oeuvres de génie mais que des éléments de contrainte soient clairement formalisables et formalisés, réutilisables par d’autres. Il est très important que ces procédures aient l’avenir du sonnet »
Et pendant ces journées, justement, nous nous sommes essayés et amusés à faire vivre ces formes : du « gestomètre » au « palympseste » en passant par le « sélénet » ou la « petite boîte »…